Cet article a été
tiré du mémoire de fin d'études de Mr Jean MUWO MBWENE, Situation de la Striure Brune de
Manioc (CBSD) dans les localités paysannes du plateau des Batéké/Mbankana, FACAGRO/UNIKIN, 2010-2011
Origine de la striure brune du manioc
La striure brune du manioc
(Cassava Brown Streak Disease : CBSD) a été signalée et décrite pour la
première fois par Storey en 1936 en Afrique de l'Est, plus précisément dans
l'ancien territoire de Tanganyika (Tanzanie, actuellement) (Hillocks, 1997 ; Maruthi
et al., 2005). C'est une maladie endémique dans toutes les zones côtières de
l'Afrique de l'Est, en partant du Nord-Est du Kenya à la Mozambique en passant par la Tanzanie,
et qui, s'est répandue jusqu'aux basses altitudes du Nyasaland et de l'Ouganda (Calvert et Thresh, 2002 ;
Maruthi et al., 2005). La striure brune du manioc dans ces zones y est
endémique (Hillocks & Jennings, 2003). Bien que cette maladie ait été
signalée vers les années 1930, elle a reçu beaucoup moins d'attention que la
mosaïque du manioc en raison de sa distribution restreinte.
En RDC, la CBSD fut signalée pour
la première fois dans les localités de Tshela, Ngimbi et Kisantu (province du
Bas-Congo), et dans les zones périphériques de la ville de Kinshasa plus
précisément au plateau des Batéké. Plus tard elle a été signalée dans le
territoire de Mbanza Ngungu (Mahungu et al., 2003).
Agent causal
Des études moléculaires menées
sur l'agent pathogène de la CBSD ont permis de classer ce dernier dans la
famille de Potyviridae et genre Ipomovirus. C'est un virus à ARN dont les
particules virales de longueur variant de 650 à 690 nm, sont allongées et
filamenteuses (Lennon et al., 1986 ; ), et contiennent des inclusions en forme
de roue de fuseau caractéristique de Potyvirus (Harrison et al., 1995).
Propagation et dissémination
A la découverte de la CBSD,
Storey, (1936) cité par Hillocks, 1997; Hillocks & Jennings, 2003, avait
démontré que la maladie était transmissible par greffage et que ses symptômes
pourraient être produits sur des plantes ne présentant pas des symptômes de
mosaïque. En conséquence, et en l'absence de tout agent pathogène visible, l'agent
causal était supposé être un virus. Selon les mêmes auteurs, l'inoculum du
virus était instable et restait contagieux pendant moins de 24 h à 20°C. Son
pouvoir infectieux se perdait lorsque sa concentration était diluée 1000 fois
avec de l'eau. Il a été démontré que la propagation en champ de l'agent
infectieux de la CBSD se fait principalement par les boutures (Thresh etal.
1994 ; Ntawuruhunga et Legg, 2007) et secondairement, d'un plant malade à un
plant sain par la mouche blanche Bemisia tabacii (Hillocks et al. 1999 ; Legg
et Raya, 1998 ; Ntawuruhunga et Legg, 2007). Cependant, d'autres auteurs
attribuent également la propagation vectorielle du virus au B. afer plus connu
sous le nom de B. hancockii (Thresh et al. 1994 ; Calvert et Thresh, 2002).
Le virus de la CBSD peut aussi se
transmettre par greffage et que les boutures issues de plants atteints
produiraient des plants dont les feuilles développeront les symptômes
caractéristiques de la maladie.
Symptômes de la CBSD
Les symptômes de la CBSD se
manifestent sur toutes les parties (feuilles, tige et racines tubéreuses) de la
plante. Sur les feuilles, on observe en premier lieu une chlorose apparaissant
sur les nervures secondaires, puis affecte les nervures tertiaires. Par
ailleurs, la chlorose peut également apparaître sous forme des taches
circulaires sur les nervures principales des feuilles. Sur la tige, les
symptômes sont difficiles à reconnaître et ne se manifestent que sous certaines
conditions. On observe sur les jeunes tiges, des lésions de couleur brune ou
pourpre et des nécroses sur des cicatrices laissées par la défoliation et qui,
entraine un die-back. Sur les racines tubéreuses, les symptômes sont variables
à l'extérieur, mais peuvent apparaître sous forme de petites fissures ou trous
à la surface de l'écorce. Les symptômes internes apparaissent sous forme de
stries nécrosées (Calvert et Thresh, 2002; Hillocks & Thresh, 2003). On
note également que l'utilisation des boutures affectées par la maladie entraine
le développement rapide des symptômes sévères surtout lorsque la culture du
manioc est entreprise dans des bas fonds (Calvert et Thresh, 2002).
Le niveau de gravité des
symptômes de la CBSD dépend des conditions environnementales, du stade de
croissance de la plante par rapport au moment de son infection et du niveau de
sensibilité des variétés (Calvert et Thresh, 2002; Hillocks & Thresh,
2003). Dans certaines conditions environnementales non élucidées, il a été
constaté que certaines variétés de manioc n'exprimaient pas les symptômes
maladifs ou elles les expriment à un ~ge plus avancé de leur croissance. Sur
d'autres variétés de manioc, les symptômes foliaires peuvent ne pas exister sur
les plants atteints. Chez ces dernières, les pertes sont plus sévères que chez
les variétés ayant exprimé les symptômes à un âge très jeune (Calvert et
Thresh, 2002).
CBSD et rendement du manioc
Les pertes de rendement du manioc
dues à la CBSD peuvent être d'ordre qualitatif ou quantitatif. Les pertes
quantitatives sont souvent minimes par rapport aux pertes qualitatives pouvant
atteindre 100%. En effet, les pourritures qui surviennent à la suite de la
présence de nécroses dans les racines tubéreuses rendent ces dernières
impropres à la consommation et à la commercialisation (Hillocks, 1997). Le
niveau de pertes de rendement varie d'une zone à une autre, et peut atteindre
jusqu'à 70%. A titre d'exemple, on a signalé des pertes de 50% en Tanzanie
alors qu'elles étaient de 60% au Malawi (Muhanna et al., 2002).
Lutte contre la CBSD
La lutte contre la CBSD passe par
l'utilisation du matériel végétal sain et des variétés de manioc résistantes,
et la pratique de phytosanitation qui consiste à l'arrachage et destruction des
plants attaqués.
Bonsoir Monsieur,
RépondreSupprimerJe suis très ravi de lire un article tiré des résultats de mes travaux de recherche. Je suis entièrement disponible à collaborer avec vous en vue d'enrichir d'avantage cette thématique et d'autres recherches liées à la production et protection végétale en Afrique tropicale.
Jean Claude MUWO MBWENE
Tél. +243 823 859 011 / 997 890 550